«J’ai d’abord posé mon regard sur les oiseaux, les plantes, cela m’a menée vers l’éco-citoyenneté.» Rencontre avec Laurence Girard, directrice d’A Pas de Loup, une association de référence, en France, en matière d’écovolontariat.
« J’ai déjà observé des changements de parcours de vie chez des bénévoles au retour d’une mission. Lorsque je vois une étincelle dans le regard d’un écovolontaire, je me dis que c’est gagné.» Directrice et co-fondatrice de l’association A Pas de Loup, des volontaires pour la nature, Laurence Girard permet, depuis plus de quinze ans, à des bénévoles de partir en mission pour la protection de la planète auprès de scientifiques. Animée d’une forte passion pour la nature depuis sa tendre enfance, c’est à la suite d’un mémoire de fin d’étude sur l’impact du tourisme dans les régions polaires, qu’elle approche le monde de l’écovolontariat avant même que le terme ne soit connu.
«J’étais leur petite main»
«J’ai participé à plusieurs expéditions, notamment avec le CIFFEN. A l’époque, nous parlions de voyage naturaliste. C’est là que, sans le savoir, j’ai fait de l’écovolontariat. En tant que non spécialiste, j’ai pu travailler auprès de scientifiques. J’étais leur petite main. Ce fut une grande expérience.» Une expérience significative où était jeté un pont entre néophytes et chercheurs, entre science pure et humaine.
Ce fut également le départ d’une autre aventure : celle d’A Pas de Loup. A la fermeture du CIFFEN, une petite équipe de quatre personnes, dont Laurence Girard, décide de mettre en place une structure donnant la possibilité à un large public d’apporter sa pierre à la protection de l’environnement. L’association Saïga, qui propose aujourd’hui des voyages solidaires et quelques missions d’écovolontariat, voit ainsi le jour, peu avant A Pas de Loup, créée en 1994.
«En 1999, nous comptions environ 150 adhérents. La même année, la chaîne de télévision M6 nous consacre un reportage qui nous fera connaître. En peu de temps nous passons de 150 à plus de 400 adhérents», souligne Laurence Girard.
Des missions et des bénévoles sélectionnés
Les missions sont choisies en fonction de différents critères, dont la viabilité scientifique du projet. Les bénévoles sont également sélectionnés. «On souhaite un réel engagement du côté de l’écovolontaire. En France, la sélection est modérée hormis pour le programme Loupastre, où les critères sont assez sévères. En revanche, nous préférons, pour ce qui est des missions à l’étranger, que l’écovolontaire ait déjà eu une expérience en France. Nous essayons également de favoriser la mixité pour maintenir un équilibre entre les sexes et les âges. C’est important.»
Ecovolontariat un terme parfois mal utilisé
Chaque année, des centaines d’écovolontaires partent en mission avec A Pas de Loup en France ou à l’étranger. Cette nouvelle forme de voyage engagé pour la protection de la planète provoque un véritable engouement, si bien que de nouvelles structures proposant à leur tour des missions d’écovolontariat ont vu le jour.Laurence Girard ne s’en plaint pas, au contraire, «je trouve cela très bien» affirme-t-elle. Néanmoins, elle regrette que le terme écovolontariat soit parfois galvaudé. «certains organismes utilisent le terme d’écovolontariat, alors qu’il s’agit de tourisme éco-solidaire. Cela peut créer un mal-entendu», continue-t-elle.
Avec A Pas de Loup le volontaire ne finance pas le programme de conservation. Il offre de son temps, pas de son argent. Seule une participation aux frais de séjour (repas et logement) peut lui être demandée (maximum 16 € par jour), en plus du transport jusqu’au lieu de rendez-vous, toujours à sa charge.
Soutenue par la Fondation Nicolas Hulot à partir de 2007, A Pas de Loup a le projet de devenir la structure de référence dans le domaine de l’écovolontariat pour les associations de protection de la nature, les conservatoires, les parcs naturels et nationaux et autres organismes de gestion des espaces naturels en France.
Laurence Dupont