—Tri sélectif des déchets acte I—
Nous enfourchons chacun un vélo, direction le dépôt municipal. Des centaines de bouteilles en plastique nous attendent. Hormis quelques groupes d’individus, personne sur l’île ne semble se soucier des questions écologiques et encore moins du tri sélectif des déchets. Le recyclage du plastique en est à son balbutiement. Chaque semaine des bénévoles de la station descendent au dépôt. L’objectif est simple : compacter un maximum de bouteilles et préparer les sacs qui seront évacués à La Ceiba. Aujourd’hui le tas n’est pas très gros.
-« Parfois nous ne pouvons même pas entrer dans le hangar » lance Michael ! Alors estimons-nous heureux !
Au Honduras, il ne faut pas rigoler avec l’argent
La méthode est bien rodée. Nous partons à l’assaut des bouteilles, formant à cinq une machine infernale pour trier, écraser, remettre dans des sacs et stocker. Deux personnes trient et dévissent un à un les bouchons, deux autres écrasent et le dernier prépare les sacs qui normalement prendront le bateau pour le continent. Tenant une bonne cadence, rythmée par le bruit du plastique pliant sous les chaussures de marche, nous évacuons une bonne dizaine de sacs, attirant l’attention de passants intrigués par le bruit. Une jeune femme s’approche. Elle souhaite nous aider. Après tout, plus on est de fou plus on rit !
Michael lui demande ce qu’elle veut. Ils discutent tous les deux un moment, les autres volontaires restent spectateurs de la scène. Michael est le seul Hondurien de la station. Il connaît son pays et ses habitants, il est le plus habilité à gérer la situation. La jeune femme repart, un peu déçue.
« Elle cherchait du travail. Je lui ai expliqué que ce que nous faisons était totalement bénévole, que nous souhaitons mettre en place le tri sélectif des déchets sur l’île. Qu’il n’y avait pas d’argent en jeu… Au Honduras, il ne faut pas rigoler avec l’argent ».
Si Utila est un peu à part dans le paysage, du fait de son attrait pour la plongée sous-marine, il n’en reste pas moins que nous sommes dans un pays très pauvre, ravagé en 1998 par le cyclone Mitch. Il y a huit ans certes, mais tout n’est pas encore reconstruit, bien au contraire. La corruption règne en maître un peu partout, il faut respecter quelques règles, connaître quelques trucs comme les fameux « 500 lempiras à donner à la police en cas de problème », m’a-t-on expliqué. Quels genres de problèmes ? Je ne sais pas exactement. Avis aux voyageurs. Les histoires scabreuses de touristes perdus, arnaqués, dépouillés, par des faux taxis, de faux bureaux de police, des douaniers sans scrupule ne manquent pas. L’eau turquoise et les cocotiers ne doit jamais nous faire oublier que nous sommes en Amérique Centrale. Restons vigilants… D’ailleurs, il n’est pas rare lorsque nous évoluons dans ces eaux limpides, de tomber sur un revolver, abandonné à la suite d’un quelconque règlement de compte.
Mais ne tombons pas dans la paranoïa non plus ! Rien de fâcheux ne m’est encore arrivé. Je touche du bois. Qu’il en soit ainsi jusqu’au bout du voyage ! Lors de mon arrivée au Honduras j’ai eu mon « ange gardien », un gars rencontré dans l’avion qui se rendait régulièrement au Honduras pour son travail. Il contrôlait les bateaux . Il a veillé sur moi, à la douane, il semblait connaître l’officier de police, il m’a dit où il fallait changer de l’argent pour éviter de me faire arnaquer et ne m’a lâchée qu’une fois dans le taxi. Il a regardé quel taxi je prenais et m’a fait un signe qui voulait dire « c’est bon, y’a pas de souci ! » .