Tour du monde d’une écovolontaire : le Peace Refuge ou le rêve américain (2/4)
Chaque heure passée apporte son dur labeur avec deux priorités, le nourrissage des bêtes et la cage à ours. Nous travaillons souvent dehors, sous la pluie, nous abritant de temps à autre dans une maison froide car climatisée. Patatras ! Ces différences de températures auxquelles je ne suis plus habituée ont raison de ma santé. Journée au lit, emmitouflée par plus de 30°C dans deux couvertures avec un régime de soupe et de lait. Je prends également la décision de demander à puiser dans les aliments des singes, composée de fruits et de légumes, autorisation qui me sera accordée. La nourriture donnée aux bénévoles est faite de donuts, saucisses et plats congelés. Autre pays autre mœurs, les repas ne sont pas pris en commun. On engouffre sur un coin de table de quoi reconstituer sa force de travail…
Leçon d’humilité
Travailler encore et toujours, quoiqu’il arrive. J’avais prévu de consacrer mon jour de repos à préparer les CD pour les élèves des deux classes qui doivent me suivre depuis Toulouse, mais manifestement, je n’y ai plus droit car je ne suis pas venue la veille, poussée de fièvre oblige. Je tente de négocier juste quelques heures, arguant l’importance de ce travail pédagogique que mènent des enseignantes à des milliers de kilomètres d’ici, mais il n’y a rien à faire. Je n’arrive pas à les convaincre du sens de ma demande et j’en suis probablement la seule responsable ; mon anglais est trop mauvais. Les mots me manquent. Les autres bénévoles ne semblent pas comprendre non plus le sens de ma démarche. C’est une première leçon d’humilité.
En deux mois de bénévolat, j’ai remarqué que dans le genre râleurs, les Italiens et les Français se suivent de très près. Que dis je râleur, empêcheur de tourner en rond serait une expression plus juste.
Au milieu de nulle part
Mais aujourd’hui, je vois bien que je suis complètement isolée, je laisse donc tomber mes revendications et mes idéaux pédagogiques, pour des raisons d’ordre purement pratiques. Je voudrais bien quitter cet endroit, mais cela entraînerait trop de complications -réservation d’hôtel, changement du billet d’avion pour le Honduras- et pourrait faire augmenter mon budget bêtement. Sans compter que je suis au milieu de nulle part. Je n’ai que huit jours à tenir… ça le fera. Je me mets donc au travail tout sourire et fait fi des accès de fièvre qui m’affaiblissent encore. Si je me suis extirpée du lit ce matin, c’était en pensant aux élèves à ces petits bouts de choux qui attendent des nouvelles d’Amériques.
Dans un dernier sursaut de révolte, j’apprends quelques idioties au perroquet, histoire de faire rire la galerie… et d’imaginer la réaction du prochain francophone passera par là ! En tout cas il apprend vite cet oiseau, il a dû passer une bonne partie de sa carrière dans un cirque.
Bon, je me calme… et me rappelle les règles que je me suis fixées pour ce tour du monde ; primo ne jamais m’énerver inutilement quoi qu’il arrive et prendre des décisions mûrement réfléchies. Deuxio, accepter les choses telles qu’elles se présentent. Je ne vais donc pas rentrer d’entrée dans un anti-américanisme bête et méchant.
Il est vrai que j’ai particulièrement été gâtée par les deux premières missions à Gonfaron et sur l’île de Cres…
Quant au Honduras on verra, je sais que c’est un pays un peu dur, et j’ai eu la bonne, ou la mauvaise idée d’accepter d’y passer deux mois.